| Page 2 | Dominican University College

Blog - Blogue

  • Jesuit Blood Helps Make me a Dominican

    Friday, February 06, 2015
    Louis Roy O.P.

     

    Dominican and Jesuit Shields

    The fact that according to venerable tradition Fr. Damian Byrne, Master of the Dominican Order, presided at the funeral of Fr. Pedro Arrupe SJ in February 1991 indicates the strong bonds of friendship that unite Jesuits and Dominicans throughout the world. Personally I have received enormously from members of the Society of Jesus, both in Canada and in the United States. I studied for eight years at the Collège Garnier in Québec. Good Jesuit that he was, my spiritual director assisted me in discernment: twice he helped me not to become a Jesuit!

    First I joined the Carthusians (the order Ignatius considered joining after his conversion), and later I became a Dominican. In 1967-68, at the Dominican College of Philosophy and Theology, I read Insight by Bernard Lonergan SJ, which was the basic textbook in metaphysics. In 1972, I studied Lonergan’s Method in Theology under the direction of Fred Crowe SJ. Two years later, I spent a summer at Regis College in Toronto, working in a group of Canadian Dominicans on the French translation of Method, which was completed and published in 1978. Were we working for the Dominicans, for the Jesuits, or for the church?

    In 1985, when a Jesuit institution, Boston College, offered me a position in systematic theology, my former spiritual director exclaimed: “I knew that somehow we would get you back into our fold!” Jesuits can be both very detached (spiritual “indifference”) and quite persuasive as they entice you into one of their projects. At Boston College, I teach Thomas Aquinas’ theology of grace and refer to two Canadian Jesuits, Lonergan and Jean-Marc Laporte, whom I consider very perceptive guides to Aquinas’ thought.

    In the Jesuit life, I see a balance between great individual flexibility and a remarkable esprit de corps. Companions of Jesus are nourished by the Gospel through the Spiritual Exercises. Their daily practice of meditation attunes them to the will of God. Among Dominicans, spirituality and community are expressed differently: they are made visible by the daily singing of the Divine Office—the equivalent for them of the Exercises for the Jesuits—and the architecture of their priories.

    In both cases Christian life is seen as focused on Christ: either as the Master who gathers around him companions destined for the mission, or as the Word that must be preached out of love and mercy.

    In Biblical Theology and the Spiritual Exercises, Gilles Cusson SJ sums up Ignatius’s worldview as follows: God sets and continually keeps in motion a dynamic world, finalized towards him, in order to share his goodness with all creatures, especially human beings, who can freely and responsibly cooperate with God’s creative and redemptive power and thus glorify him. If we were to ask whether Thomas Aquinas could have signed that statement, I am sure that those of you who know the works of the Angelic Doctor would reply: in point of fact it corresponds strictly with what he thought and wrote.

    Through his admiration for Saint Dominic and his exposure to Dominican writers, confessors and even Inquisitors (!), Ignatius absorbed the Thomistic worldview. Ludolph of Saxony, the author of the Life of Jesus Christ, was a Dominican before becoming a Carthusian. Jacobo de Voragine, who wrote the Flos sanctorum (The Lives of the Saints), was a Dominican. I am not contending that Ignatius merely reproduced the ideas of these works that were part of his conversion. With his religious genius, he creatively re-expressed the biblical worldview as it had been handed on to him by the medieval, and in so doing he made a lasting contribution to church life. Thomas, the systematic theologian, and Ignatius, the spiritual master, concur in offering us a picture of the human person as totally dependent on grace while gifted with the freedom to respond to God’s calling.

    I have always been struck by the similarities between Dominicans and Jesuits than by the differences. The innovations of Dominic, Thomas Aquinas and Ignatius should be looked at as complementary. Perhaps this is the reason why in spite of, or rather because of, the Jesuit blood that runs in my veins, I feel 100 percent Dominican. 

    Sts. Ignatius and Dominic

     

    This article was first published in Compass: A Jesuit Journal (Vol. 9, No.3), 1991. It is republished by permission of the author.

  • Souvenirs d’Yves Congar, dominicain

    Friday, November 21, 2014
    Louis Roy O.P.

    En 1981, lors de la réunion annuelle de la revue internationale Concilium, qui se tenait pour la première fois à Cambridge, j’acceptai de m’occuper du théologien Yves Congar, qui se déplaçait avec grande difficulté. Ce fut pour moi l’occasion de connaître des sommités de la théologie catholique et d’apprendre bien des choses en écoutant ces penseurs élaborer les thèmes de la revue pour l’année à venir. Le bureau central de la revue se trouvait alors à Nimègue, aux Pays-Bas. J’avoue avoir ressenti une grande admiration pour les habiletés linguistiques des Hollandais, qui comprenaient l’anglais, le français, l’allemand et le néerlandais.

    Congar partageait une suite, au Magdalene College, avec un autre dominicain, Christian Duquoc. Étant donné que ce dernier est décédé, je me permets de signaler la mauvaise impression qu’il nous avait faite, au couvent Saint-Albert-le-Grand de Montréal, vingt ans auparavant. Il nous paraissait arrogant, frondeur, impatient face aux questions qui lui étaient posées. Comme il était à la fois petit de taille et batailleur, certains frères de Saint-Albert avait déformé son nom « Duquoc » et l’appelait « Ti-Coq ».

    Comme Congar se levait tôt, c’est-à-dire bien avant que j’arrive du couvent après l’eucharistie du matin, la suite où il logeait avec Duquoc était alors froide et il aurait fallu faire du feu. Pour allumer le réchaud à gaz, on devait introduire une mèche enflammée dans le gaz qui sifflait, ce qui produisait une petite explosion. Évidemment, à cause de son handicap Congar ne pouvait pas se pencher pour allumer. Or, ce qui me stupéfia, c’est que Duquoc ne se résolut jamais à s’exécuter, même si l’opération était des plus simples. La morale de l’histoire ? Peut-être est-ce de ne pas se laisser impressionner par les intellectuels très affirmatifs dans leurs déclarations et apparemment tout à fait sûrs d’eux-mêmes.

    Comme on le sait sans doute, Concilium rassemblait des théologiens de tendance fort libérale, influencés par le protestantisme libéral du XIXe siècle. J’osai donc demander au père Congar s’il pensait que ses collègues de la revue étaient des libéraux. Peut-être parce qu’il craignait que je répète sa réponse ailleurs, il répondit avec prudence et humour : « Je ne sais trop. En tout cas, ce qui est certain, c’est que la piété ne les étouffe pas. »

    Le premier midi du congrès, nous participions à une prière anglicane qui comportait un hymne ancien, dont les paroles évoquait le pouvoir de Satan sur les pécheurs, la colère de Dieu et l’envoi de son Fils pour expier la faute originelle. Le dominicain Jacques Pohier, un moraliste aux idées avancées, influencé par la psychanalyse, chantait à pleine voix à côté de moi jusqu’au moment où il s’écria, entre deux strophes de cet hymne minable : « Mais quelle théologie ! »

    Le lendemain, la prière fut remplacée par un apéro. De sorte que le surlendemain, après les délibérations, Congar me demanda, sur un ton moqueur : « Alors, mon jeune frère, où me conduisez-vous cette fois-ci ? » Et avec un geste de Tartuffe, puis un geste d’ivrogne, il ajouta : « Vont-ils prier, où vont-ils boire ? »

    Finalement, le matin du départ, tous les participants, dont les noms nous avaient été donnés avec les titres à l’allemande « Professor, Doctor, Father X », se souhaitaient le « au revoir ». Bob Ombres, un jeune dominicain anglais qui avait piloté Congar à Oxford quelques années plus tôt, vint le saluer. Un professeur qui se tenait là demanda à Congar : « Est-ce un professeur ? ». Congar, qui était sans doute le plus éminent de tous les congressistes, répliqua avec ironie : « Mais non, voyons. Ce n’est qu’un simple frère prêcheur, comme moi. »