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  • Thomas d'Aquin: un homme qui inspire

    Friday, January 23, 2015
    Maxime Allard O.P.

     

     

    Il existe bien des statues, des images de Thomas d’Aquin. Certaines sont des chefs-d’œuvre, d’autres sont tout simplement « quétaines »! Parfois il a l’air d’un gros poupon fardé, dégoulinant de piété sucrée; parfois on lui a donné l’air d’un Jupiter dictant la vérité! Cela en dit plus long sur les auteurs de ces images ou statuts que sur Thomas d’Aquin lui-même. Et chaque année semble en apporter de nouvelles versions.

    Il existe bien des interprétations des textes de Thomas d’Aquin! Les écoles dites « thomistes » se multiplient au fil des siècles. Diverses perspectives guident les relectures du corpus : littéraires, historiennes, analytiques, spirituelles, augustiniennes, néo-platoniciennes, après avoir été aristotéliciennes et systémiques. On propose des condensés, des résumés, des succédanés… Il est servi à la sauce apologétique; il sert d’épouvantail représentant tout ce qu’il y a de pire dans l’onto-théologique ou bien, encore, on le présente comme la panacée universelle.

    Rarement, prend-t-on le temps de le lire pour le plaisir de se laisser guider dans une quête paisible de propos réfléchis, dans les entrelacs de propositions difficilement conciliables à première vue, dans l’exploration des richesses de la tradition philosophique occidentale qui était alors disponible. Rarement, accepte-t-on de le suivre inventant un genre littéraire, défrichant des questions qui n’étaient pas encore devenues « habituelles », scolaires. Et, pourtant, quels moments intellectuellement stimulants on peut alors vivre lorsqu’on accepte de quitter le monument catholique, les diktats dogmatiques et les resucées sclérosantes!

    Au Collège Universitaire Dominicain, à chaque année un séminaire aux études supérieures porte sur les textes de Thomas d’Aquin. Dans plusieurs cours, des références y sont faites. Le CUD est probablement l’institution universitaire canadienne où le nom « Thomas d’Aquin » résonne le plus souvent dans les classes, où ses textes sont lus, interprétés avec un esprit critique. Avec le même esprit critique qui animait Thomas d’Aquin dans sa lecture d’Avicenne, d’Averroès, d’Aristote, de Boèce, de la Bible, d’Augustin…

    Au Collège Universitaire Dominicain, nous optons pour initier les étudiants et les étudiantes à la lecture de ces textes « étranges », aussi étrange que ceux de Platon, d’Aristote, de Heidegger ou de Wittgenstein! Leur capacité à discuter, à débattre ne peut qu’en bénéficier!

    Thomas d’Aquin, un dominicain du XIIIe siècle, fasciné par la Parole de Dieu et sa méditation, stimulé par la philosophie et ses questions, un chercheur intense… un saint… le saint patron du Collège Universitaire Dominicain. Continuons à honorer sa mémoire et à nous laisser stimuler à réfléchir, à méditer aujourd’hui, à partir des défis d’aujourd’hui, pour nos contemporains! Autrement, fermons boutique!

     

     

  • Noël

    Monday, December 22, 2014
    Maxime Allard O.P.

    Noël. Christmas. Weihnachten. Chacun de ces mots, pour désigner le même jour, est porteur d’une étymologie différente : le français retient l’idée de naissance; l’anglais celle d’une messe spéciale ce jour-là pour le Christ; l’allemand attire l’attention sur la « nuit de grâce ». Les peuples célébrant dans ces trois langues ont retenu un aspect qui parlait plus ou celui que les autorités ecclésiastiques souhaitaient qu’ils conservent et méditent.

    De nos jours, des mots moins marqués par la foi et les pratiques des Églises et communautés chrétiennes sont mis de l’avant pour désigner ces jours-là. Certains s’en réjouissent. D’autres sont chagrins. Peu me chaut… Il y a célébrations, reconnaissances et gestes gracieux même si et là où la commercialisation tient une place importante! La paix sera louée et réclamée de manière intermittente, certes, mais elle sera rappelée, appelée de nos voeux. Et ces appels sont d’autant plus soutenus que l’état de guerre et d’injustices perdure dans bien des endroits de notre planète.

    Dans la sphère ecclésiale, les interprétations de l’origine et du sens de la fête liturgique de « Noël » varient. Une vieille théorie romantique voudrait que la fête soit la christianisation des Saturnales romaines entourant le solstice d’hiver. Une théorie plus récente critique cette vision et remet Noël en lien avec les développements complexes du calendrier liturgique au cœur duquel la fête de Pâques est centrale. Dans un cas comme dans l’autre, il s’agit, au fond, de marquer l’importance de rythmer liturgiquement et socialement la mémoire d’une « bonne nouvelle ».

    Il s’agit de signaler régulièrement l’importance de croire que la « paix », la réconciliation, le salut et le bonheur sont inscrits au cœur du dessein de Dieu pour l’humanité… et que cela peut être vécu par intermittence!

    En ce sens, qu’on parte des mots et de leurs histoires, des enjeux théologiques et politiques, des diverses facettes des réjouissances sociales et familiales, il y a matière à réfléchir pour relancer un vieux questionnement : qu’est-il permis d’espérer, d’attendre raisonnablement? Un peu de déraison et d’exubérance dans l’espérance et sa célébration, est-ce mal? Je ne crois pas. Cela soutient l’espérance et relance le désir de paix.

    Je vous souhaite de joyeuses nuits éclairées par la grâce de la fête et des retrouvailles. Qu’elles soient autant de raisons d’espérer.

    Je vous souhaite, au cœur de vos rencontres festives, d’entrevoir la possibilité que naisse un monde meilleur!

    Joyeux Noël! Merry Christmas! Frohe Weihnachten!

     

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